Le passé fantasmé

de l'Histoire de la France - 1

 

Ce chapitre doit sa substance à l'important ouvrage de Colette BEAUNE,
Naissance de la nation France (Gallimard, 1985).

Nous en citerons certains passages longuement. Nous en remercions vivement l'auteure et l'éditeur.

 

Extraits de l'introduction, p.15-17

" Sur le plan le plus simple et le plus concret, la France est un Etat, un royaume qui est le fruit d'une histoire. Celle-ci se déroule dans un temps chrétien unique et orienté qui va des débuts de l'action divine sensible dès les origines nationales, à un avenir scatologique où s'accompliront les promesses de gloire. Cette polarisation sur les origines nationales et la fin des temps fait que l'histoire de France telle qu'on la conçoit au Moyen Âge écarte presque l'histoire du présent insaisissable et multiforme. C'est surtout une histoire du passé, car l'avenir est l'affaire des prophètes et non des historiens. La nation comme tout homme, a besoin de racines. Seul ce qui a été a valeur de référence. Le passé est clair, connu, articulé logiquement, il a le poids de l'être, il rassure et il enseigne. C'est un ensemble d'exemples moraux propres à guider l'action des générations présentes.

On s'y attache surtout à certains temps forts. Le premier de tous est la question des origines. […]

L'histoire de la nation très chrétienne est une autre histoire sainte.
Elle commence pourtant paradoxalement par une légende païenne. Les origines troyennes des Francs ont été créées au VIIème siècle sur le modèle antique de la fondation de Rome par les exilés troyens conduits par Enée. Comme les Romains qui gouvernèrent le monde, les Francs ou Français sont issus de la race la plus ancienne et la plus noble. […]

A la fin du XVème siècle, Jean Lemaire de Belges transforme le mythe des origines troyennes des Francs en un mythe dès origines troyennes des Gaulois. Les Gaulois sont établis en Gaule depuis des temps immémoriaux. Une partie d'entre eux est allée fonder Troie. Francion revient donc par la suite au pays de ses ancêtres. Gaulois et Francs sont des Troyens et ils ne sont qu'une seule et unique population, sans mélange aucun. Les Gaulois donnent naissance aux Francs. Ainsi une filiation unique et continue, un sang pur et non mélangé, relie la population française â ses origines glorieuses. […]

Mais cette naissance de la nation est double comme l'est celle de tout chrétien. Les origines troyennes correspondent à la première naissance de tout individu, la naissance selon la chair. L'histoire nationale existe certes avant Clovis, mais elle est comparable à celle de l'enfant avant le baptême. Le baptême signifie la deuxième naissance, la naissance selon l'esprit. Par la conversion, la France entre dans le plan de Dieu. Les origines de la nation se décomposent donc en deux phases, une païenne – dont l'héritage le plus apprécié est la loi salique – une chrétienne. L'histoire de Clovis est en fait un second mythe d'origine parallèle à celui de Pharamond. […]

Autour de lui se constitue un cycle, qui tend à regrouper sur le premier roi chrétien tous les attributs et toutes les prérogatives du roi de France très chrétien. A la sainte ampoule admise depuis les Carolingiens, s'ajoutent l'oriflamme, la guérison des écrouelles et le don des lys. " [ Les écrouelles = adénite tuberculeuse - http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89crouelles ]

Cette introduction de Colette Beaune est importante car elle explique nettement le contexte dans lequel va naître La Chasse à la licorne : un "royaume" dans "un temps chrétien", soumis à Dieu.

Peut-être pour célébrer le millénaire du baptême de Clovis, premier roi chrétien de France, La Chasse va narrer "une histoire du passé", depuis les "débuts de l'action divine" (la Genèse) jusqu'aux années 1498-1500.

Dans son intention que nous pensons encyclopédique, elle évoque tous les faits, divins, légendaires et historiques, qui sont alors connus en ce royaume de France.

 

I - Les "origines" troyennes des Francs

et la Guerre de Troie ?

1- la Guerre de Troie

 

Le Jugement de Pâris

http://www.mediterranees.net/mythes/troie/helene/jugement-paris.html

Girolamo di Benvenuto
v. 1500 - Louvre

Benoît de Sainte Maure - L'enlèvement d'Hélène
enluminure du Roman de Troie - Paris - 14è s.

 

Tapisserie 5 : incomplète

 

Voici Aphrodite

Cette femme, tentatrice en sa posture et son regard, est tour à tour : Aphrodite, Eve, Pandore, Hélène (et même Isabeau de Bavière). Elle a vêtu sa robe rouge et tend la main vers l'un des fruits de l'arbre à sa gauche.

Elle est dans la même position que celles peintes par d'autres artistes : un bras levé, l'autre baissé le long du corps, la tête légèrement inclinée.

Je renvoie au texte de Géza Róheim, Aphrodite, ou la femme au pénis (paru en 1945), in La Panique des Dieux, Payot, 1974 et 2000), où Aphrodite est présentée comme la Dame à la Mandragore et comme la Dame à la Pomme.

 

 

Tapisserie 2 : 'La Fontaine'

 

Tapisserie 3 : 'Le Passage de la rivière'

 

Tapisserie 4 : 'La Licorne se défend'

 

Tapisserie 6 : 'La Mort de la Licorne'

L'artiste de cette sixième tapisserie s'inspire largement et ouvertement des dessins du Maître de Coëtivy ou d'Henri de Vulcop dont je pense que Jean Perréal a pu être l'élève, consacrés à la guerre de Troie. La Chasse à la licorne en conte les péripéties puisque la légende des origines troyennes de la nation France, créée au VIIe siècle, perdure jusqu'à la seconde moitié du XVIe siècle.

Il reprend le schéma de la partie droite du dessin Mission d'Anténor en Grèce et jugement de Pâris : un groupe de personnes sous une arche, le couple enfant-chien sous lequel sont trois végétaux : le laurier, symbole du triomphe héroïque ; le chêne, symbole de majesté, puissance, sagesse et longévité ; l'œillet, considéré comme la fleur de France. Du dessin Quatrième bataille : prise du roi Thoas ; la chambre de la beauté, se retrouve l'étrange fenêtre avec une grille derrière laquelle se tient un personnage. Du dessin Destruction de Troie, il emprunte le cheval, les flammes que peuvent représenter le feuillage au-dessus de l'arche, des attitudes et des visages des soldats grecs, par exemple celui au premier plan entre les colonnes que l'on retrouve tuant la licorne.
Ainsi se trouvent réunis en cette tapisserie 6 deux épisodes historiques fortement liés : la fin de Troie et la fuite du Troyen Francus et la dynastie régnante des Valois qui, selon la légende, sont ses descendants.

Ces dessins appartiennent à une série de huit représentant des épisodes de la Guerre de Troie. Ils sont considérés comme les petits patrons pour la tenture de onze pièces offerte à Charles le Téméraire par la Ville et le Franc de Bruges, en 1472, à l'occasion de son mariage avec Marguerite d'York. Voir F. Avril et N. Reynaud, Les Manuscrits à peintures en France 1440-1520, Paris, 1993, n°26, p. 64.

 

Primus ibi ante omnes, magna comitante caterva,
Laocoon ardens summa decurrit ab arce,
et procul : " O miseri, quae tanta insania, cives ?
Creditis avectos hostes ? aut ulla putatis
dona carere dolis Danaum ? sic notus Ulixes ?
Aut hoc inclusi ligno occultantur Achivi,
aut haec in nostros fabricata est machina muros
inspectura domos venturaque desuper urbi,
aut aliquis latet error : equo ne credite, Teucri.
Quidquid id est, timeo Danaos et dona ferentes."
Sic fatus, validis ingentem viribus hastam
in latus inque feri curvam compagibus alvum
contorsit. Stetit illa tremens uteroque recusso
insonuere cavae gemitumque dedere cavernae,
et, si fata deum, si mens non laeva fuisset,
impulerat ferro Argolicas foedare latebras,
Troiaque nunc staret, Priamique arx alta maneres !

VIRGILE, Enéide, 2, 40-56

 

 

Lors, en tête d'une importante troupe qui l'escorte,
Laocoon dévale, tout excité, du sommet de la citadelle, et de loin s'écrie :
'Malheureux, quelle est cette immense folie, mes amis ?
Croyez-vous les ennemis partis ? Pensez-vous que des Danaens
un seul présent soit exempt de pièges ? Ne connaissez-vous pas Ulysse ?
Ou bien des Achéens sont enfermés et cachés dans ce cheval de bois,
ou bien cette machine a été fabriquée pour franchir nos murs,
observer nos maisons, et s'abattre de toute sa hauteur sur la ville,
ou bien elle recèle un autre piège : Troyens, ne vous fiez pas au cheval.
De toute façon, je crains les Danaens, même porteurs de présents.'
Et cela dit, de toutes ses forces il fait tournoyer une longue pique
vers le flanc du monstre et son ventre courbe fait de poutres jointes.
Elle s'y fiche en vibrant, les côtés en sont ébranlés,
tandis que résonnent et gémissent ses profondes cavernes.
Sans les arrêts des dieux, sans l'aveuglement de nos esprits,
il nous eût poussé à profaner de nos lances les cachettes des Argiens,
Troie maintenant serait debout, et tu subsisterais, altière citadelle de Priam !

http://remacle.org/bloodwolf/faulx/Virgile/1virg4.htm



 

Groupe du Laocoon
œuvre des Rhodiens Agésandros, Athanadoros et Polydore (?)
IIe ou Ier siècle av.n.è - musée Pio-Clementino - Vatican

Découvert à Rome en 1506

Laocoon était chargé du culte d'Apollon (ou de Poséidon) à Troie. Il offensa le dieu en se mariant et en cachant son épouse dans l'enceinte du temple à l'insu de ses concitoyens.
Dans un autre version il aurait frappé de sa lance le cheval de bois.
Quand Laocoon, même après avoir écouté Sinon, exhorta les Troyens à ne pas laisser entrer le cheval dans la ville, le dieu, qui n'avait pas oublié l'injure, envoya deux monstrueux serpents qui sortirent de la mer, s'enroulèrent autour de Laocoon et de ses deux fils et les étouffèrent.
Les Troyens, ignorant la véritable raison de la colère d'Apollon, crurent que les dieux voulaient leur faire comprendre de laisser entrer le cheval: ils cassèrent les murailles de la ville afin de permettre le passage du funeste présent.

 

 

Les manuscrits des Grandes Chroniques de France sont parfois ornés d'une miniature frontispice à quatre compartiments rappelant les origines troyennes et chrétiennes du peuple français.

http://expositions.bnf.fr/fouquet/reperes/34/index34a.htm

Les Français avaient été les premiers Européens à revendiquer cette ascendance troyenne, créée sur le modèle de la légende antique de la fondation de Rome par Enée et ses compagnons.

 

Ce personnage de la tapisserie le passage de la rivière
rappelle le personnage d'Achille
débarquant le premier sur les côtes troyennes
(l'artiste exposant bien le talon - droit ? - vulnérable)

 

Grandes Chroniques de France
de Charles V
Paris, XIVe siècle
BnF, ms. fr. 2813 f. 4

Les Grecs débarquent en Asie Mineure
pour assiéger Troie
puis montent la garde devant une ville
bien fortifiée et défendue.

Ovide - Les Métamorphoses
Enluminure vers 1385
Pâris tuant Achille
Bibliothèque Municipale de Lyon
Ms 742, f. 222v

Mort d'Achille
Apollon guide la flèche
tirée par Pâris

 

 

La légende des origines troyennes de la nation France, créée au 7ème siècle, perdurera jusqu'à la seconde moitié du 16ème siècle.

— Selon Frédégaire dans son Historia Francorum, de l'année 660, alors qu'Enée et ses compagnons fondaient Rome, le Troyen Francion (ou Francus) (frère d'Enée et premier fils d'Hector et de Friga, la reine des Amazones) et ses compagnons s'enfuient de Troie en flammes, s'installent entre Danube et Rhin, fondent Sycambria (actuellement Budapest). Ils se font appeler "Francs" c'est-à-dire "féroces". Francion sera par la suite désigné comme fils d'Hector (et cousin de Turcus, lui-même fils de Troïlus) et les Francs seront ainsi rattachés à la famille royale de Troie.

— Selon les Gesta Regum Francorum, de l'année 727, il s'agit d'Anténor (traître ayant introduit le cheval de bois dans Troie), du jeune Priam et 12 000 Troyens qui se font appeler plus tard "Francs" c'est-à-dire "libres de tributs". A la demande l'empereur Valentinien, ils auraient exterminé les Alains. En récompense, il leur aurait été accordé dix ans d'exemption de tribut. Anténor, personnage créé par Virgile dans son Enéide, aurait fondé Padoue et Venise.

— À partir du 12ème siècle, par volonté de la consolider l'histoire nationale, Saint Louis commande les Grandes Chroniques de France qui refondent celles préexistantes et reprennent le mythe des origines troyennes. Le nom latin Francus est romanisé en Francion. Cette ancienneté confère un grand prestige qui oblige à quelques accommodements avec l'histoire antique : si les historiens de l'Antiquité n'évoquent pas le nom de Francion, c'est qu'ils pensent — une erreur de leur part ! — tous les fils d'Hector morts à Troie.

— Dans ce manuscrit royal, l'enlumineur n'a représenté que les scènes glorieuses des origines nationales (ni la chute de Troie, ni la fuite). En bas du feuillet, deux anges soutiennent les armes de France aux lys semés comme à l'accoutumée sous Charles V.

http://www.mediterranees.net/mythes/troie/troie_medievale.html

sur la légende de l'origine troyenne
http://expositions.bnf.fr/homere/it/54/01.htm

voir aussi sur le net les miniatures extraites de :
Le Roman de Troie (écrit vers1160-1170) de Benoît de Sainte Maure
Le Livre de Troie (ou Troy Book) de John Lydgate (v.1370-v.1451)
– La Bouquechardière (v. 1470) de Jean de Courcy (né en 1430)

2- le départ de Troie

 

La construction des quatre villes primordiales de l'histoire de l'humanité

Les Troyens - 1460-1470
enluminure du Maître de l'Echevinage de Rouen
Chronique dite de la Bouquechardière par Jean de Courcy
Paris, BNF, département des Manuscrits, fr. 20124, fol. 154

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Courcy

En quatre lieux séparés par un bras de mer en forme de T,
cette image présente la construction des quatre villes primordiales
de l'histoire de l'humanité.

 

Anténor : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ant%C3%A9nor_(mythologie)

Didon : http://fr.wikipedia.org/wiki/Didon

http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89n%C3%A9e

http://fr.wikipedia.org/wiki/L'%C3%89n%C3%A9ide

Francion : http://fr.wikipedia.org/wiki/Francion

Francus et ses compagnons s'échappent de Troie en flammes.
Après une longue errance marquée de glorieuses batailles, ils construisent Sycambria sur le Danube puis Dispargum sur le Rhin.

Puis, ces Troyens se seraient réfugiés en Germanie. Etablis sur les bords du Rhin, ils pénétrèrent en Gaule avec Marcomir, au IVe siècle de notre ère, sous le nom de " Francs" en l'honneur de leur ancien chef et de l'exemption d'impôt qu'ils avaient obtenue de Rome. Paris, son lointain parent, prénommé comme le prince troyen qui avait ravi Hélène, aurait construit alors sa capitale sur la Seine.

" Cette légende, mise au point dès le VIIe siècle, présentait de nombreux avantages. Elle faisait croire que la France était plus ancienne que l'Empire romain, fondé, selon une légende assez semblable, par un autre exilé troyen, Enée. La construction de Paris répondait à celle de la Roma quadrata par Romulus. Or, au Moyen Age, être aussi ancien que, c'était devenir égal à ! C'était aussi avoir le droit de commander les plus jeunes. Pour plus de crédibilité, il fallait donc que la France fût une très vieille maison." (Didier Le Fur, Le royaume de France en 1500, RMN, 2010)

 

Les exilés troyens sous l'ordre de leur chef Francion, l'ancêtre des Francs, coiffé d'une couronne, bâtissent la ville de Sycambria sur le Danube

 

Fondation mythique de Paris par le duc Ibor
ou Pharamond ordonnant la construction d'un monument dans Paris.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Pharamond

Sous la conduite de leur chef Francion,
figuré comme un roi de France au surcot fleurdelisé,
les exilés troyens triomphent des Alains dans le marais Méotide

Grandes Chroniques de France - (FR 2813) - fol. 5v - France, Paris, XIVe s.

 

 

Anténor, fondateur de Venise

La page illustrant l'arrivée d'Anténor à Venise est le folio 118 du manuscrit 9231 de la Bibliothèque royale Albert I de Bruxelles (Codex Bruxellensis 9231, XVe siècle). Elle fait partie de la " Fleur des Histoires " de Jean Mansel, et porte le titre : " De la fondation de la cité de Venise par les Troyens ".

http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fe/03/anthenor1.html

Anténor fut accusé d'avoir trahi sa patrie :
il reçut chez lui les ambassadeurs venus pour redemander Hélène
ayant reconnu dans Troie le roi Ulysse déguisé, il n'alerta pas les Troyens.
Après la prise de cette ville, il s'embarque avec ceux de son parti, vient aborder en Italie sur les côtes des Vénètes, et fonde une ville de son nom, qui depuis s'appelle Padoue.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Mythologie_grecque

Les Grandes Chroniques de France :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Grandes_Chroniques_de_France

https://fr.wikipedia.org/wiki/Grandes_Chroniques_de_France

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84472995/f14.item.r=grandes+chroniques+de+france+.langEN


https://www.cairn.info/revue-historique-2020-2-page-3.htm

Dans le lignage légendaire de Troie, se plaçaient les maisons de France, de Bretagne et de Bourgogne, tandis que la maison d'Angleterre retenait l'empereur Constantin, le roi Arthur et la Table Ronde.

" Pourtant, à la fin du XVe siècle, le mythe troyen commençait à être contesté par les humanistes italiens et les historiens français redécouvrirent timidement le peuple gaulois.

Longtemps, ces derniers avaient été ignorés. Les Gaulois étaient un peuple de vaincus. Ils ne pouvaient raisonnablement servir à l'exaltation d'un royaume qui cherchait à montrer ses particularités et à affirmer ses différences avec les autres Etats.

Un auteur, Jean Lemaire de Belges, trouva une solution qui eut un immense succès. Dans ses Illustrations des Gaules et singularité de Troie, il prétend que les Gaulois sont effectivement les premiers Français, installés en Gaule depuis la fin du Déluge. Certains étaient partis à la conquête du monde, vers l'Orient, sous la direction de Brennus. Ils y auraient fondé la cité de Troie. Francion, des siècles plus tard, n'aurait fait que revenir sur la terre de ses ancêtres.

Cette solution habile permettait de faire croire que le sang des Gaulois et celui des Troyens étaient le même. Il était alors difficile d'admettre qu'une nation pût être née de sangs différents.

Si les origines troyennes avaient justifié l'existence des Francs puis des Gaulois, elles n'avaient pu absorber toutes les fonctions nécessaires à l'origine d'une nation. Les historiens trouvèrent les compléments ailleurs, en recomposant par des légendes un passé conduit par des souverains qui, avec l'aide de Dieu, auraient peu à peu structuré ce royaume que l'on disait être, alors, le miroir du paradis sur terre. " (Didier Le Fur, Le royaume de France en 1500, RMN, 2010)

 

Jean Bouchet - Lhistoire et cronicque de Clotaire premier
Poitiers - 1527
http://www.bvh.univ-tours.fr/Consult/consult.asp?numfiche=187&offset=16&numtable=B861946101_DP1142&ecran=0&mode=3

(légende sur le dessin : Troie la grant - francus - eneas - anthenoz)

 

Les origines troyennes des Francs (vv. 143-498) dans le Roman de Partonopeu de Blois, de près de 15 000 vers, écrit par un auteur anonyme vers 1182-1185.

vv. 391-434
Apres sa mort prissent son fis
Sage home en oevres et en dis
Sel fisent dels prince et segnor
Il les maintint a grant honor
Puis ala france doir en oir
Dont on ne puet les nons savoir
Nen seit lon mot trop sont dariere
Prince furent en lor maniere
A tart i ot un prince sage
Qui fu de troien linage
Que li francois amerent si
Comme lor cors et parut i
Faramons ot nom sen font roi
Cil establi primes lor loi
Lor batailles et lor juisses
Lor costumes et lor francises
Ses drois et sa reconnissance
Cil fu li premiers rois de france
As siens faisoit si grans honors
Que france ot joie a tos ses jors
A pais vesqui et sains ahans
Si moru plains de jors et dans
Ses fils ludom fu rois apres

 

Et le tint trosqua son deces
Cil navoit pas de sens plente
Ne gaires nule autre bonte
Cil navoit pas de sens plente
Ne gaires nule autre bonte
Por co se cremoit et doutoit
Et en ses cambres se mucoit
Ses gentils homes molt cremoit
De ses riceces lor donoit
Et si les apeloit parens
Quil ne li meuscent contens
Por co nen fist nul justicier
Ne ne lor baillot nul mestier
Ains alevoit fils a vilains
Felons et cruels et ferains
Qui a contes et a demaines
Faisoient et hontes et paines
A ses homes prendoit tos tens
Et fu lasques vers autres gens
Mais deus sa gent en socoru
Que poi vesqui et tost moru
Rois marovels fu fils ludon
Apres lui tint la region

http://fr.wikipedia.org/wiki/Partonopeus_de_Blois

 

Jean Bourdichon - Louis XII dictant une réponse à Hector de Troie
Epîtres poétiques d'Anne de Bretagne et de Louis XII
Manuscrit 5.3.46 - f° 8
Bibliothèque nationale de Russie - Saint-Pétersbourg

 

Au premier plan, Boréas, le messager, se tient prêt à livrer la lettre aux Champs-Elysées.
La lettre d'Hector est de Jean d'Auton, celle du roi de Jean Lemaire
Ainsi est célébrée la victoire de 1509 des armées françaises sur les Vénitiens à Agnadel.

 

 

 

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